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Les femmes, moteur du renouveau de la ruralité

La Journée internationale de la femme rurale, organisée par les Nations-Unies et qui se tient ce 15 octobre, est l’occasion de dépoussiérer notre regard sur les femmes dans le monde agricole. Parce que les campagnes sont encore, dans les pays en développement, un lieu d’inégalités particulièrement aiguës, où l’accès à l’éducation et à la propriété est restreint pour les femmes. Mais aussi parce que les femmes constituent dans le même temps une puissante force de changement dans les territoires, comme nous le constatons chaque jour avec les femmes qui s’engagent à nos côtés et ceux du Collectif de la fleur française pour le renouveau de la fleur française. Gros plan sur quelques-unes de celles qui, de reconversions professionnelles en innovations technologiques, d’esprit d’entreprise en souci de transmission, incarnent en France la vitalité de la ruralité au féminin.

Justine Lipuma : championne du champignon (vraiment) magique

Les champignons de la microbiologiste Justine Lipuma sont sacrément vertueux, puisqu’ils agissent comme des engrais naturels qui vont non seulement aider la plante à pousser mais aussi à renforcer ses défenses et à mieux s’adapter à un environnement de plus en plus hostile, notamment en cas de sécheresse. Une manière d’aider la nature à s’aider elle-même, et à produire mieux et avec moins d’engrais chimiques. C’est pendant sa thèse qu’elle découvre cet extraordinaire potentiel et qu’elle décide, en s’associant avec l’ingénieure agronome Christine Poncet, de créer sa propre entreprise, baptisée Mycophyto(mariage de myco pour les champignons et phyto pour les plantes). Installée à Grasse, bastion parfumé de la culture florale, Mycophyto développe désormais des champignons mycorhiziens particulièrement efficaces sur les plantes médicinales et destinées à la parfumerie. Elle crée également, en partenariat avec l’INRAE, une biobanque qui utilise l’intelligence artificielle pour créer sur mesure des assemblages de champignons parfaitement adaptés à des climats, des plantes ou des types de sol spécifiques.

Audrey Bourolleau (au centre) avec Chloé Rossignol et Hortense Harang, co-fondatrices de Fleurs d’Ici

Audrey Bourolleau : une structure innovante pour aider l’agriculture à faire sa mue

Au croisement de la technologie, de l’innovation et du développement entrepreneurial, Audrey Bourolleau redonne du souffle aux territoires avec Hectar, la ferme-campus et incubateur qu’elle a développée. Après un début de carrière en tant que cadre commerciale pour des grands groupes internationaux, Audrey a décidé de mettre sa connaissance du développement d’entreprise au service de projets agricoles dont l’objectif est d’être non seulement financièrement rentables, mais également durables sur le plan environnemental et justes sur le plan social. Pour permettre à tous les acteurs de la ruralité de réaliser ces ambitions, Audrey Bourolleau a développé avec Hectar un écosystème unique à facettes multiples, qui associe formation, mentoring et laboratoire d’innovation, sans négliger l’accompagnement financier et institutionnel des exploitants vertueux d’aujourd’hui et de demain.

Frédérique et Marie-Charlotte : s’associer et transmettre, un business de femmes

Depuis la création de Fleurs d’Ici en 2018 et avec le renouveau de la fleur française auquel nous sommes fiers de contribuer, une nouvelle ferme florale en moyenne voit le jour chaque semaine. Un grand nombre de ces fermes sont dirigées par des femmes, qui constituent le cœur de notre réseau. Ce réseau, ce sont également des histoires de rencontre comme celle de Frédérique et Marie-Charlotte, qui travaillent ensemble aux Fleurs de Majolan près de Bordeaux. La ferme florale a été créée dans les années 1980 et Frédérique, à la tête de l’entreprise depuis de nombreuses années, a toujours privilégié la fleur locale et en circuit court, même quand personne n’en parlait. Quant à Marie-Charlotte, elle travaillait pour un grand groupe de mode avant d’amorcer sa reconversion aux métiers de l’horticulture et d’effectuer ses stages auprès de Frédérique. Leur association est une évidence tant les deux femmes sont mues par une passion commune pour les bonnes pratiques horticoles et environnementales. C’est aussi une histoire de transmission entre générations, pour conserver le patrimoine vivant que constituent les savoirs-faires horticoles.

Pour les soutenir, nous avons créé un bouquet spécial exclusif, disponible jusqu'au 31 octobre, dont les bénéfices seront reversés à Solidarité Paysans, une association qui lutte contre l’exclusion en milieu rural et accompagne les agriculteurs fragilisés par un système d’exploitation et de concentration intensives. Des marguerites d’automne, des dahlias, le meilleur des fleurs d'octobre : ce bouquet répond au doux nom de Caroline. Comme Caroline Ingalls, qui a bien mérité qu’on la reconnaisse enfin à sa juste valeur. 

LIBÉREZ CAROLINE INGALLS! Elle sait faire tellement plus de choses que la popote

Je soutiens les femmes rurales 

À voir, à lire, à écouter : la ruralité déménage, le Flower Power s’expose

Souvenez-vous : dans La Petite maison dans la prairie, la douce Caroline n’en finissait plus de raccommoder les chaussettes et de faire des tartes aux pommes, sans jamais cesser de sourire avec bienveillance. Même si l’on sait que les pionnières de l’Ouest américain et toutes les femmes qui ont travaillé la terre et fait tourner les fermes depuis la nuit des temps sont sacrément dures à cuire, les représentations des femmes en ruralité ont longtemps été passées au filtre d’un romantisme pastoral un peu niais ou d’un misérabilisme réducteur. 


C’est désormais de l’histoire ancienne. Pour fêter les femmes rurales dans tout leur panache, pourquoi ne pas passer une demi-heure avec l’extraordinaire Marie-Claire, dans l’épisode d’Une vie à soi que lui consacre Charlotte Bienaimé sur Arte Radio ? Marie-Claire est bretonne, exploitante agricole retraitée, championne de France et vice-championne du monde de … lancer de hache. Elle se livre sur son parcours professionnel, familial et sportif avec une franchise et une lucidité renversantes. Ce beau portrait en annonce d’autres dans le cadre d’une thématique plus large sur les femmes paysannes dans Un Podcast à soi, toujours de Charlotte Bienaimé sur Arte Radio le mois prochain.

Marie-Claire, lanceuse de hache et agricultrice de choc

Les Roses d’Héliogabale, de Lawrence Alma-Tadema (1888), en majesté pour le pouvoir des fleurs à Giverny.

Un lycée agricole comme cadre d'un feuilleton quotidien sur France TV : la ruralité aussi est source de fictions innovantes. 

Figure de moins en moins confidentielle de la littérature contemporaine, la romancière Marie-Hélène Lafon consacre une grande partie de son œuvre à chroniquer son Cantal natal. Son écriture précise, sans mépris ni complaisance, rend justice à des destins ruraux rarement mis en lumière – des destins d’hommes et de femmes du vingtième siècle, acteurs d’un territoire à la fois restreint et infiniment riche. Les Sources, Histoire du fils ou L’Annonce : des romans courts et essentiels, qui donnent à lire un terroir dans toute sa complexité.  

La représentation du monde rural se renouvelle aussi pour les djeunes, comme ne dit plus personne, avec Déter, la nouvelle fiction quotidienne en ligne de France Télévision, qui a pour cadre … un lycée agricole en Bretagne – souhaitons-lui de sensibiliser les jeunes aux problématiques du monde agricole, pour former les Charles et Caroline Ingalls innovants de demain ! 
 

 Enfin, parce que le monde horticole est exactement au croisement entre l’art et la nature, on peut aussi se précipiter à la magnifique exposition Flower Power à Giverny, qui retrace l’histoire des contributions florales dans l’art, des sublimes motifs persans traditionnels aux brassées fleuries des impressionnistes. Un régal pour les yeux.